Monday, October 31, 2005

Sachez que vous ne nous faites pas peur.

• Sachez que vous ne nous faites pas peur. Vous avez entre vos mains un état, une puissance formidable contre laquelle nous ne pouvons rien. Nous n'avons, pour notre part, que notre liberté d'écrire. En attendant que vous nous l'ôtiez tout à fait, sachez que nous en userons jusqu'au bout. Que nous continuerons à vous confondre, semaine après semaine. Que nous continuerons à vous mettre face à vos responsabilités, et à laisser le public vous juger. Il n'a déjà pas une opinion flatteuse de vous, mais continuez comme ça… Très vite, vous deviendrez les égaux d'un Driss Basri - votre maître hier, l'homme qui vous a tout appris, et que vous traînez lâchement dans la boue aujourd'hui.

• Sachez que vous faites reculer le Maroc. Et que vous ne faites que saboter ce roi que vous prétendez servir. Mohammed VI s'échine à trouver des solutions pour faire avancer son peuple et améliorer l'image du Maroc dans le monde. Avec plus ou moins de bonheur, mais lui, en tout cas, essaye de faire avancer les choses. Pendant ce temps, vous les faites reculer. En août, TelQuel avait titré sur les “100 raisons d'être optimiste pour le Maroc”. Elles sont toujours valables. Mais il y a aussi des raisons d'être pessimiste. Votre présence au pouvoir est au sommet de ces raisons.

• Et puisque nous parlons de TelQuel, allons-y franchement. Hlima Assali et Touria Bouabid, vous le savez bien, ne sont que des fétus de paille, des plaignantes-prétextes dont vous instrumentalisez la soif de justice (légitime) pour servir vos petits calculs (que vous croyez être de la grande politique). Au fond, ce que vous reprochez à la presse indépendante en général, et à TelQuel en particulier, c'est de ne pas être à votre botte. Oui, nous vous attaquons très souvent. Et vous le méritez. Oui, nous avons publié le salaire du roi. Et nous en sommes fiers. Oui, nous avons écrit que le roi avait besoin d'un conseiller en communication. Et nous le maintenons. Mais nous avons aussi écrit que la Moudawana, œuvre royale, était une avancée capitale. Et ça aussi, nous le maintenons. Nous avons écrit que le roi a rendu justice aux Amazighs. Et ça aussi, nous le maintenons. Nous avons écrit que l'IER, ou les grands chantiers comme Tanger Med, étaient une bouffée d'oxygène pour le Maroc. Et ça aussi, nous le maintenons. Comme nous maintenons, ne vous en déplaise, notre ligne éditoriale : souligner, avec plaisir, toutes les avancées ; critiquer, avec force, tous les reculs. Nous pourrions, dans un élan de vengeance contre votre acharnement, devenir des opposants acharnés et obstinés, “nous payer le système” sans nuances, toutes les semaines. Mais nous ne vous ferons pas ce plaisir. Notre force, c'est notre crédibilité, et notre sens de l'équilibre.
Aucun procès ne nous y fera renoncer.

Comptez sur nous, Messieurs, pour ne pas rester silencieux face à votre hold-up sur la démocratie. Vous avez l'état, la justice et la police entre vos mains. Nous avons notre bonne foi, et le soutien de tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Nous ne cèderons pas. Nous nous battrons.

Ahmed Reda Benchemsi Lire la suite...