Wednesday, October 08, 2008

Interview Dr. Bernard Seguin - Membre du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat



Le GIEC c'est lui, lui et 600 autres. Le GIEC est une fourmilière, et ils en sont les fourmis.

Entretien avec Bernard Seguin, un des chercheurs bénévoles du panel intergouvernemental sur l'évolution du climat co-lauréats du dernier prix Nobel de la paix avec Al Gore.



Il y a eu des difficultés lors de votre déplacement pour la conférence et vous avez mis presque 10h avant d'arriver, cela ne vous contrarie pas?
Exposer mon travail est très important pour moi et j'essaie d'être le plus utile possible en présentant les résultats officiels au plus de gens que je peux.
J'ai déjà eu plusieurs mésaventures comme ça, mais en fin de compte je suis tout à fait satisfait quand j'arrive à transmettre mon message.
« (...) même quand on m'invite à une réunion d'agriculteurs au fin fond de la France pour parler du changement climatique, j'y vais. Si je ne le fais pas, qui le ferait?»

Parlons-en, comment avez-vous commencé l'aventure du GIEC?
Un ami chercheur y a participé auparavant, et je trouvais cette expérience enrichissante même si ce n'était pas vraiment bien vu à ce moment là.
Vers l'an 2000, j'ai candidaté auprès du représentant du panel en France, et j'ai obtenu un poste au sein du groupe 2, qui s'occupe d'étudier les impacts, la vulnérabilité et l'adaptation au changement climatique.

Comment se déroule alors le travail concrètement?
C'est un énorme travail de collecte d'informations scientifiques, d'analyses de données, de comparaison, d'interprétation et de mises à jour. C'est un va et vient permanent, qui dure jusqu'à 4 ans . On en sort avec 3000 pages au bout que personne ne lit, puisque c'est un résumé plus comestible de 30 pages qui est présenté aux décideurs et à la presse.

Comment avez-vous vécu la reconnaissance de votre travail par l'obtention du prix Nobel?
Le premier jour de l'annonce du prix, seul Al Gore a été cité sur certaines chaines, on ne connaissait même pas vraiment le GIEC à ce moment là. Disons que lui il en a la moitié et l'autre moitié est partagée entre les 600 chercheurs. (souriant) On en a alors chacun le 1/1200e .

Y a t-il un couple GIEC/GORE ou du moins une collaboration?
Oui, en quelque sorte. J'ai appris par des amis du GIEC qu'une dizaine de scientifiques travaillent avec lui, et une bonne partie d'entre eux fait partie du panel.

Comment réagissez-vous aux attaques des sceptiques?
On ne réagit pas vraiment. Il n'y a pas de décisions officielles quant à notre réaction et peut-être même que ça nous desservirait. On donne des réponses ponctuelles, la crédibilité de certains sceptiques étant déjà mise en cause du fait de leur difficulté à publier des résultats fiables dans des revues scientifiques à comité de lecture.



Propos recueillies le 07.10.08.3n9
----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Bernard Seguin est Directeur de recherches à l'INRA-Avignon.
Il fait partie des 10 auteurs principaux du chapitre 1, réalisé par le Groupe de travail 2 du GIEC:
«Assessment of observed changes and responses in natural and managed systems. » http://www.ipcc-wg2.org/

No comments: